La machine avale mes pièces, les digère et me recrache un billet pour grenoble. C'est encore tôt le matin. En tout cas pour moi, pour un samedi. J'écoute le fracas sur le rail et le soleil perce la vitre à intervalle. Gaia sur le quaie de le petite gare et puis bientôt assise en face de moi, avec un sourire et des pommes du jardin. Le bruit de la ville et derrière nous la bastille, Jade à l'arrêt de bus et les arrêts qui défilent.
J'ai la tête ailleurs, peut être en le ciel de coton bleu et la terre de béton gris. J'ai l'esprit qui flotte et mon corps en pause. Je cherche à tâtons une cigarette et lui demande du feu. C'est l'heure où tout devient sombre et où doucement les lampadaires s'allument et grésillent. Dans leurs vrombissements nocturnes, les voitures files et s'enchaînent. Tout me rappel à quel point nous sommes immobiles. Et les mots s'étouffent dans ma gorge. Il relace ses chaussures, et sans dire mots me déteste. Je suis encore la gamine qui joue et qui fait de jolis noeuds avec ses artères. J'ai envie de lui dire, que je souffre d'être ici, que je voudrais être partout mais surtout ailleurs.
Réfléchis. Réfléchis. Réfléchis. C'était quoi ? C'était qui ? C'était pendant un an, ça c'est sur. Un été puis l'année de première. Un inconnu qui te souris. Tu es tellement en miettes, que c'est comme une étoile. C'était pourquoi ? Pour combler le vide, tu crois. Pour effacer d'un geste las, les souvenirs qui te glacent. C'était égoïste ? Ou alors le geste désespéré d'un coeur atrophié. Menteuse immonde, l'a tu seulement aimé.
C'est l'hiver et j'ai à nouveau peur. Elle me regarde avec ses grands yeux noisettes et elle me dit de chercher au fond de moi. Pour y voir vraiment, ce qu'il y a. J'aimerais couper court à la séance de spiritisme sentimental et juste m'endormir pour un sommeil de cent ans dans ses bras. Le problème c'est qu'elle ne connait que trop bien les contours de mon coeur, elle y connait toutes les morsures. Aimer c'est foncer droit devant. Toi, tu recules et tu hésites. Et surtout tu te mens.
7h35, j'arrive plus à dormir. Entre les rideaux, la lumière du jour. Pâle. Ca m'est tombé dessus entre les rêves et le sommeil. Une évidence refoulée qui refait surface. Je me lève. Café-terrasse-pueblo. Je digère l'information et les souvenirs qui expliquent. J'avais toujours tout et l'on ma refusé un regard. J'avais trop peur de crever de solitude alors j'ai dit oui, à n'importe qui. 10 mois, dans l'erreur. Et maintenant un vide, comme une année blanche, un immense oubli. Il ne me reste rien, je ne me souviens plus.