Il a embrassé le creux de mon cou quand je dormais encore. J'en ai fait des rêves troubles et amers, avec un fantôme aux lèvres douces. A en faire vibrer mon corps et mes songes. J'ai ouvert les paupières et étiré mes muscles endoloris. Le fantôme est resté captif de mes pensées endormies et moi, dans ma réalité, j'ai retenu mon souffle dans les bras d'un autre.

Les jours ont la même note mélancolique que cette chanson que j'écoute en boucle. Il pleut, et maman n'est pas rentré. Jade parle d'un alcool avec des paillettes d'or dedans, souvenir  de festival et de camping. Et j'ai envie de m'embrumé le cerveau, avec de la poudre qui brille de la gorge à l'estomac. Et que mon squelette devienne aussi brillant qu'une comète. Imagine.

Quand je l'ai embrassé, il a reculé dans le noir et regardé ses chaussures. J'avais pas envie de parler, de discuter, alors j'ai fait la gamine, j'ai battu des cils. Il a dit tu te fous moi, je suis fatigué, faut qu'on parle, tu ne m'aimes pas, tu reviens toujours, je suis trop con ! , t'as plein de défauts, j'aimerais ne plus jamais te voir, je t'aime, allez dis le moi, ne joue plus, il fait froid non ? , c'est joli tes yeux maquillés comme ça, arrête de sourire, t'as froid ?, allez merde viens là.

J'ai jeté mon paquet de cigarettes. Le lendemain je suis allez fouillé dans la poubelle de l'immeuble pour le récupérer. Je gère ma vie sentimentale comme une princesse gâtée. Grand-frère a appelé et a joué de la guitare au bout du fil. Je me suis niqué les doigts pour péter un corde. J'ai pas la patience pour ce truc. "Tes chances sont aussi mince que la couche de neige en Thaïlande."

On a discuté toute la soirée et puis toute la nuit. A quatre on s'est fait un festin de pâtes et on a vidé mon frigo de tout ces trucs moisies. Je ne savais pas qu'une sauce tomate pouvait donner naissance à autant de champignon. A cinq heures vingt, je me suis couchée, roulée en boule entre erwan et gaia. On a dormi tard, déjeuner de croque monsieur à 16h devant les merdes d'nrj12 et l'on est parti écumer les boutiques à 6h.
 

En bas, au pied de l'escalier, il ya mon duvet, mon sac à dos et mes chaussures trouées qui forment un tas. Je m'éclipse d'abord pour trois jours de festival à 10 minutes de chez moi. Avec les copines, Florence and the Machine, Wax Tailor, Phoenix... Puis j'aurais à peine le temps de revenir, de dormir un vrai nuit et de faire une lessive, avant de repartir pour un mois. La famille de Gaia nous a engagé pour ramasser des myrtilles dans la Creuse. Alors c'est le dernier article avant longtemps. J'reviendrais avec mes souvenirs et mes photos ratées plein le poches ;)

Petits plaisirs. 5h30, admirer le lever du soleil en partageant un cigarette dégueulasse avec Nestelle, savourer la fraîcheur du matin avant d'aller enfin se coucher. S'allonger dans l'herbe, respirer, sourire, en mangeant les crêpes de Grand-frère.  Se lever dans la nuit pour aller voir ses résultats de bac, ne pas avoir une seule note en dessous de quinze et danser en culotte dans l'appart.  Recevoir un appel des copains du fin fond de l'ardèche. S'extasier pendant dix minutes, sur un vol d'oiseaux. Regarder Amelie Poulain pour la millième fois. Faire semblant d'avoir des origines espagnoles et aller danser avec les espagnols du quartier pour fêter la victoire de la coupe du monde. Ecouter fun radio pour shaker son booty en faisant la vaisselle. Tomber amoureuse d'une robe à cinq euros chez Only, et ne plus la quitter. Trinquer à distance avec les voisins du balcon d'en face. S'endormir contre le chat tout doux. 4h30, rire et ressentir dans la nuit, allongée sur un banc glacé en écoutant le singin' on the rain de Gene Kelly. Laisser la roue du velo battre le bitume et le vent s'enrouler dans les cheveux. Faire croire à maman que j'ai râté mon bac, qui fut dupe. Ne se nourrir plus que de pâtes trop cuites et d'abricots. Boire du soleil à grande gorgée.

Lady Gaga - Summerboy
 

La dame était blonde, souriante, avec des lunettes rouges. J'étais la première, du premier jour à passer. Saint-John Perse, La Ville. Un poème. Que j'adore. De la chance. Trois partie, Intro-conclu ouverture. L'introspection volontaire du narrateur. Le voyage pour les sens. L'immersion dans l'exotisme. Equilibre de la nature. Nostalgie lyrique du poète. Monde fécond, environnement naissant. J'ai tenu quatorze minutes. Avant d'argumenter sur l'homosexualité de Dom Juan, dans La Nuit de Valognes de Schmitt. Quand je suis ressortie il faisait déjà beau. Et je me suis assise entre Chanel et Adeline. Un soupir. Une winston. C'est les vacances.

Je récupère du mois de révisions. Je vide mon cerveau à n'en devenir plus qu'un corps léthargique sur le canapé. Je laisse ma peau se caramélisée sur le transat' de la terrasse. Je me recouche à 16h pour me réveiller à 3h. J'erre dans l'appart vide et silencieux et je regarde ce qu'il y a de pire sur virgin 17 et nrj12. Je démêle à peu près mes cheveux et j'enfile une robe pour la soirée. Des bises, des bises, des cacahuètes, la rosée dans les cheveux, allongée si tard, l'orage, manzana sur le bras, s'endormir au petit jour. Je ferme les yeux dans les bras chauds et rassurants, sous les étreintes, les caresses et les murmures. Ca m'aide à oublier le mal de crâne et l'envie de vomir. Je me lève et j'évite les mirroirs. J'attends que maman soit partie pour rentrer. Je vais me recoucher. A vrai dire il ne se passe rien. Les jours sont vides. Les copains sont à des kilomètres. Je m'enfonce dans la mauvaise paresse, celle qui dégoute de la lumière et des sourires.

J'ai reçu mes baskets argentées, celles qui scintillent, même dans la nuit. On a regardé Shakespeare in love, pour la trentième fois et on a quand même pleuré. Grand-frère ma appelé paniqué ce matin. Pour les résultats de bac. J'ai marmonné que c'était le 10 et je me suis laissé tombé sur l'oreiller. Jeudi il m'emmène au Rock en Stock. Les copains ont appelé. J'ai eu toute la smala, pour des propos plus ou moins cohérent et j'en ai sourie pendant deux heures.