
Au fin fond de la friperie d'Emmaus, à la recherche de cannes et de chapeaux melons. Je tombe sur deux jolis spécimens de chacun, avec bois usé ou petit noeuds sur le côté. Ravie. Et je déniche d'autres petits trésors. Une sublime besace en cuir, des colliers sertis de vieilles breloques, un tee-shit troué des ramones et une chemise à carreaux grise et bleu. Quelques euros en fond de poche, j'opte pour les breloques et garde en tête la besace. Mal au ventre tenace, y'a des jours ou je déteste être une fille. Un coup de fil à maman la sauveuse, qui me dépose en ville. Des jolies mitaines grises toutes douces et un chemisier blanc presque potable. Un appel de grande-soeur pour me dire qu'elle pourra surement me prêter ses docs. Ma panoplie du 31 est presque complète.
Le chemin de retour à pied. Quelques connaissances, croisées sur les quais et prêteuses de briquet. Nuit noire, si tôt. Un sms de l'amoureux et je prend la direction de son appartement. Dans les oreilles, du Wax tailor. J'avale les marches des six escaliers qui s'enchaînent et frappe trois petits coups sur le bois de sa porte. Son sourire à travers l'embrasure et j'ai les idées qui fondent. Blottis dans son lit. Ce soir il m'emmène restaurant. Je m'emmitoufle dans mon manteau vert sur la route et trouve sa main dans la pénombre. Le Zinc. Une petite table et des banquettes rouges. Entrecôtes frites et île flottante pour lui. Tagliatelles au saumon et crumble aux pommes pour moi. Sourires et fou-rires. Une histoire de piano sur skate board, de pas si jolies que ça, de blablabla féminin, de biftons pour bagarre et d'insinuations de carte dessert. L'adition et des étincelles dans le coin des yeux sur le chemin du retour.
Nos pas qui claquent dans la nuit, une cigarette et une verbalisation à deux balles. La chaleur de l'appartement, la douceur des draps. Pirates des Caraïbes 1, parce que ça faisait longtemps. Le creux de son cou, la beautée de son sourire, les papillons dans mon estomac. Et le sommeil qui se pend à mes paupières, pendant que sa respiration me berce. L'aurore si proche, qui perce les volets de sa faible lumière. Le réveil matinale. Ses mots ensommeillés, ses mèches blondes entortillées au bout de mes doigts. Des chatouilles et des bisoux volés. Un dernier regard qui pétille et je ferme doucement la porte dans mon dos. La rue ensolleillée, les rayons qui font plisser les rétines encore endormies. Mes jambes qui me guident toutes seules jusqu'à l'appartement. Un bonjour à maman. Ca sent bon les crêpes.